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Deshaies hier

Deshaies

La Petite République dans l'Histoire

Un voyage à travers le temps qui a façonné Deshaies et son identité singulière, de 1635 à nos jours.

« Avec la liberté, elle voulut l'équité »

— Daniel-Édouard Marie-Sainte, historien

Une histoire d'exception

Deshaies, de par sa structure enclavée, sécurisante et sa beauté, avait tout pour encourager l'implantation des hommes. Mais sa position éloignée, voire quasi insulaire, faisait souvent d'elle une négligée, une oubliée. C'est pourtant cette marginalité qui forgea son caractère rebelle et son attachement viscéral à la liberté.

XVIIe siècle

Les Origines

La naissance d'un territoire entre forêts, mer et premiers colons

4 novembre 1493

L'escale de Christophe Colomb

Selon l'anecdote, le marin génois aurait mouillé dans la baie lors de son voyage de découverte et se serait approvisionné en eau dans la grande rivière du bourg.

La zone littorale du Gros Cap conserve encore aujourd'hui les vestiges de la végétation primitive de la Guadeloupe telle qu'elle existait à l'arrivée de Colomb.

 
1635

Arrivée des premiers colons

Les colons emmenés par L'Olive et Duplessis débarquent à la Pointe Allègre, à la limite nord de la commune. Ce sont les premiers Européens à s'installer durablement sur ce territoire.

Deshaies fait alors partie du « Grand Cul de Sac Marin », un vaste territoire boisé et faiblement peuplé s'étendant de Pointe-Noire à Baie-Mahault.

 
1686

L'habitation de La Potherie

Sur l'emplacement du bourg actuel jusqu'au Gros Morne se dressait l'importante habitation de Monsieur de La Potherie, l'une des plus grandes fortunes de l'île.

Au tout début de l'occupation, on recense 24 habitations pour 22 propriétaires : 3 exploitations agricoles avec moulins, deux distilleries dont une à Ferry, le reste planté en cannes et vivres.

 
1688

Projet d'église à l'Anse des Hayes

Les habitants n'avaient pour église qu'une vieille case de roseaux à Grande-Anse, à 15 pas du bord de mer, où le curé de l'Islet à Goyave venait en canot.

On décide de construire une église de charpente à l'Anse des Hayes où l'abord est plus facile pour les canots, les communications se faisant presque exclusivement par cabotage.

 
1696

Déclin des sucreries

L'économie des habitations sucrières périclite, victime du fréquent pillage des corsaires anglais qui éprouve toute la zone.

Une reconversion s'opère vers les cultures vivrières et le petit élevage. La clientèle se compose de flibustiers qui achètent farine de manioc, ignames, pois et patates, et de Martiniquais qui viennent chercher bestiaux et volailles.

 
XVIIIe siècle

Naissance de la Paroisse

Un territoire isolé entre habitations sucrières, corsaires et marronnage

1702 – 1714

Guerre de Succession d'Espagne

Le quartier de Deshaies est ravagé par les Anglais. La localité est abandonnée pendant toute la durée du conflit.

Réinstallées une fois la paix revenue, cinq habitations refonctionnent en 1727.

 
1722

Le Quartier du Gros Morne

La localité prend le nom de « Quartier du Gros Morne ». Elle regroupe les sections de Ferry, Des Hayes, Grande-Anse et La Perle.

Du fait de son isolement et de conditions de vie pénibles, le quartier ne motive pas les installations. Ferry, qui possède sa propre chapelle, agit en toute autonomie avec sa propre milice.

 
1730 – 1733

Création officielle de la Paroisse

Le 1er avril 1730, sur requête des habitants, le gouverneur M. de La Chapelle autorise la création du bourg dans l'Anse Des Hayes, armée d'une batterie de deux canons.

L'église est bénite le 29 juin 1733, jour de la Saint-Pierre et Saint-Paul, par le supérieur général des missions, en présence du père Faget, premier curé.

Le 29 juin 1733 est la date de naissance officielle de la commune de Deshaies.
 
Décembre 1736

Complot des esclaves

Le capitaine des milices Lamarre reçoit un billet de Sainte-Rose l'avertissant que les nègres doivent se révolter pendant les fêtes de Noël.

La nuit du 14 décembre, on entend un grand bruit à l'orée de la forêt. Le quartier court aux armes. Lamarre, dont les esclaves s'étaient vantés de « boire le sang des blancs », fait embarquer femmes et filles.

Le complot devait embraser toute la côte nord. Éventé, il est abandonné. Les chefs sont condamnés à mort.

 
1792

« La Petite République »

Alors que les contre-révolutionnaires tiennent la Guadeloupe, l'assemblée coloniale royaliste convoque des députés de chaque paroisse.

Le 10 juillet, toutes les paroisses sont représentées. Toutes sauf une : Deshaies.

André Duhalde-Detcheberry, premier maire, refuse de cautionner un pouvoir qui trahit les principes révolutionnaires. Ce comportement audacieux, aucune autre municipalité n'osa le tenir.

Le 27 septembre 1792, la municipalité est dénoncée comme « récalcitrante à l'exécution des arrêtés du gouvernement ».
 
1793

Victoire des républicains

Les républicains reprennent la Guadeloupe avec Victor Hugues. André Duhalde-Detcheberry retrouve ses fonctions de maire, à la satisfaction de toute la paroisse.

Le curé patriote Loriot Dorville, déporté en France par les royalistes, avait écrit : « Ma paroisse, bien composée, eut la fermeté de résister à l'assemblée coloniale. »

Duhalde-Detcheberry meurt le 28 octobre 1793, à 55 ans, après seulement 5 mois dans ses fonctions retrouvées.

 
XIXe siècle

Épreuves et Émancipation

Des guerres napoléoniennes aux luttes sociales post-abolition

1803 – 1804

Combat naval et pillage anglais

Le 5 septembre 1803, une bataille navale oppose Français et Anglais dans la baie de Deshaies, dans le contexte du projet napoléonien d'empire caraïbe.

Neuf mois plus tard, en mai 1804, le bourg est pillé et les propriétés du voisinage ravagées par les Anglais.

Aux épreuves de guerre s'ajoute la « fièvre des marais » qui lamine toute velléité d'installation sur cette côte malsaine.

 
1822

Une économie modeste

On totalise 494 personnes dans le quartier. Une unique sucrerie existe ; les bois et la savane occupent la majorité du territoire.

Le café reste la culture de base avec la canne, les cultures vivrières, le manioc, le coton et le cacao. L'habitation Caillou, la plus grande sucrerie depuis 1730, est toujours debout.

 
1848

Abolition de l'esclavage

Deshaies fut sans doute la moins désorganisée économiquement par la reconquête de Victor Hugues et la première promulgation de l'abolition.

La majorité de ses habitants avaient dès 1792 pris cause pour le régime révolutionnaire. Mais les tensions sociales vont bientôt éclater.

 
1852

Conflit social à l'habitation Caillou

Quatre ans après l'abolition, Deshaies vit une période troublée. Le curé De Lettre, défenseur des cultivateurs affranchis, s'oppose au propriétaire M. Caillou.

Le 28 janvier, un attroupement se forme devant l'église. On entend : « Que M. le Curé parte... mais nous les écraserons ! » Le curé refuse la messe tant que les gendarmes sont au bourg.

L'affaire remonte jusqu'au Ministre de la Marine. Le curé est finalement expulsé en août 1852, s'enfuyant de nuit vers la Dominique.
 
1852 – 1877

Création de la brigade de gendarmerie

Les événements de 1852 sont à l'origine de la création de la brigade de gendarmerie de Deshaies.

En 1876, le Conseil général refuse de financer la caserne. Mais le maire Martin Maza proteste, arguant du « danger qu'il y aurait à retirer les gendarmes d'une commune divisée et en état de surexcitation ».

L'administration maintient la brigade d'office, tandis que celle de Goyave est supprimée.

 
1861

Révolte des immigrants africains

Les 14 immigrants africains de l'habitation Grande-Anse se révoltent contre M. Caillou. Armés de coutelas, ils entourent sa maison avec l'intention de le frapper.

Traduits en justice, plusieurs sont condamnés à des peines d'amende et de prison. Le départ du curé De Lettre n'avait en rien amélioré les rapports entre cultivateurs et propriétaires.

 
XXe siècle

Vers la Modernité

Du long isolement au désenclavement et à l'essor touristique

1848 – 1945

Un siècle d'isolement

De l'abolition de l'esclavage jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, l'ignorance demeure le principal obstacle au développement.

Être nommé à Deshaies est une disgrâce. En 1896, le prêtre Montculier écrit : « Quel blâme ai-je donc mérité ? Être nommé curé de Deshaies après dix ans de colonie ! »

Dans les années 1950, un instituteur se plaint : « Sur les marais de Deshaies, instituteur oublié demande à être déplacé. »

 
1922

La route s'arrête à Pointe-Noire

Alors que dès 1922 la route relie Basse-Terre aux communes de la Côte sous le Vent, elle s'arrête à Pointe-Noire, la commune limitrophe.

Deshaies reste ainsi longtemps isolée et marginalisée, accessible uniquement par la mer ou par des chemins difficiles.

 
1940 – 1943

Plaque tournante de la Dissidence

Sous l'administration du gouverneur Sorin, Deshaies devient l'une des plaques tournantes du commerce des engagés de Guadeloupe pour la Dissidence.

Le transport maritime, relativement peu organisé, permet aux résistants de rejoindre les îles anglaises voisines pour s'engager dans les Forces Françaises Libres.

 
1957

Le désenclavement routier

Ouverture de la RN2 reliant Deshaies à son environnement naturel et administratif.

La borne commémorative porte l'inscription : « LA CÔTE SOUS LE VENT – RECONNAISSANCE », significative d'un progrès au prix d'une attente douloureuse.

Le désenclavement routier signe le déclin du transport maritime et ouvre une nouvelle ère pour la commune.
 
Années 1960

L'essor du tourisme de luxe

C'est en trouvant des avantages à son caractère particulier que l'industrie nouvelle habille la « Cendrillon créole » de son bel apanage.

Le Fort Royal est bâti sur un ancien site de défense à la Pointe du Petit Bas-Vent, inaugurant le tourisme de luxe à Deshaies.

 
22 juin 1962

Tragédie du Boeing 707

Le Boeing 707 « Château de Chantilly » de la compagnie Air France s'écrase dans la forêt domaniale de Caféière, faisant 113 victimes.

Parmi les passagers se trouvaient Paul Niger et Justin Catayée, figures majeures de la politique et de la culture guadeloupéennes.

« Lieu historique où par-delà la mort, Paul Niger et Justin Catayée veillent sur les traces et les détours de notre allant. »
 

Villededeshaies.fr
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    238, Boulevard des Poissonniers
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  • Fax : 0590 28 48 96
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